Depuis 1987, la montée du niveau de la mer a emporté de nombreux villages le long du delta du Saloum, sur la côte atlantique du Sénégal. Certains villageois, aujourd'hui sans abri, racontent qu'un jour, ils ont été soudainement réveillés au milieu de la nuit par le bruit de l'eau dans leur salon. En quelques minutes, leur vie a changé pour toujours. Ils ont emballé à la hâte quelques affaires et se sont enfuis.

Ils pensaient pouvoir rentrer chez eux le lendemain. C'était sans jauger l'ampleur du problème. Les eaux ne se sont pas retirées, et là où elles se sont tirées, elles n'ont fait que reculer de quelques mètres et se sont arrêtées sur le perron des maisons.

Dans le Saloum et bien au-delà, c'est la désolation totale Des kilomètres et des kilomètres de maisons effondrées parsèment le littoral. À certains endroits, des arbres déracinés se décomposent lentement sur les plages de sable. Au-delà de ce qui reste de la végétation côtière, la salinisation a détruit ce qui était autrefois des communautés agricoles prospères. Les terres sur lesquelles les familles cultivaient du riz et des légumes sont découvertes de traces visibles de sel blanc. Les communautés qui étaient autosuffisantes autrefois sont de plus en plus fortement tribuTAIRES des importations de denrées alimentaires.

L'érosion côtière en cours crée de graves problèmes économiques. Les jeunes ont fui vers les zones urbaines à la recherche de moyens de subsistance plus stables. Certains risquenttout pour traverser la Méditerranée vers l'Europe.

Ousmane Dieye Sarr, ancien pêcheur du village de Niodiore, raconte qu'il a traversé trois fois l'océan pour se rendre à Ténériffe, à la recherche d'une vie meilleure. Malheureusement, il a été rapatrié au Sénégal à son arrivée. Il continue d'essayer de partir parce que les océans sont vides : « Chaquejour, nous revenons avec des filets vides », dit-il. « Nous ne pouvions pas continuer à vivre ainsi. La situation devient de plus en plus difficile. L'État doit nous aider à trouver du travail, ou au moins réguler la présence des chalutiers étrangers en provenance d'Europe et de Chine qui aggravent la situation ».

Le chef Mamadou Lamine Ndong du village de Dionware est tout aussi amer : « Nous vivons le changement climatique au quotidien », déclare-t-il. » Nous assistons à la montée du niveau de la mer, à l'érosion côtière... et nous sommes envahis par l'eau dans nos maisons. C'est cela le changement climatique. En 1987, une brèche s'est ouverte dans la Dieffère et depuis, c'est un cauchemar. Nous sommes retrouvés au milieu de l'océan Atlantique. Nousperdons trois à cinq mètres de côte chaque année.

Et d'ajouter : « Nous ne sommes pas à l'origine de l'élévation du niveau des mers. Les puissances industrielles qui en sont responsables devraient assumer la responsabilité de résoudre la crise climatique ».