Le changement climatique a connu pendant cette dernière décennie (2011 à 2020) une aggravation alarmante, avec des périodes de chaleur jamais observées auparavant. Selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), cela s’est manifesté par des températures record aussi bien sur les terres émergées que sur l’océan, avec une hausse constante des concentrations de gaz à effet de serre, entrainant une accélération de la fonte des glaces et de l’élévation du niveau de la mer.
Ce réchauffement est en même temps la résultante du système capitaliste moderne qui année après année a dépassé toutes les limites de la planète et du système terrestre. Ces limites comprennent le changement climatique, l'acidification des océans, l'appauvrissement de la couche d’ozone, les flux biochimiques dans le cycle de l'azote, l'utilisation mondiale de l'eau douce, l'érosion de l'intégrité de la biosphère, la pollution chimique et la charge atmosphérique en aérosols. Le dépassement des limites planétaires déclenche des changements environnementaux non linéaires et abrupts au sein de systèmes à l'échelle du continent ou de la planète.
La situation sur le continent africain demeure exacerbée par cette réalité caractérisée par une sécheresse avec des récoltes mauvaises ou insuffisantes dans plus d'une douzaine de pays. D'autres phénomènes météorologiques extrêmes s'accélèrent. Il s'agit notamment de précipitations supérieures à la moyenne dans certains pays, d'inondations, d'une augmentation du nombre de cyclones, etc.
L’exposition « De Johannesburg à Dakar : crises climatiques et solutions transformatives » s’inscrit dans un programme de la Fondation Rosa Luxemburg pour une transformation socio écologique. Les bureaux régionaux de Johannesburg et de Dakar ont travaillé en collaboration à travers une série d’expositions de photos suivies de débats en milieu universitaire afin d’offrir aux étudiants un cadre de réflexion et discussions et de proposition de solutions.
« De Johannesburg à Dakar :crises climatiques et solutions transformatives » s’inscrit dans un programme de la Fondation Rosa Luxemburg pour une transformation socio écologique. Les bureaux régionaux de Johannesburg et de Dakar ont travaillé en collaboration à travers une série d’expositions de photos suivies de débats en milieu universitaire afin d’offrir aux étudiants un cadre de réflexion et discussions et de proposition de solutions.
L’exposition « De Johannesburg à Dakar :crises climatiques et solutions transformatives » s’inscrit dans un programme de la Fondation Rosa Luxemburg pour une transformation socioécologique. Les bureaux régionaux de Johannesburg et de Dakar ont travaillé en collaboration à travers une série d’expositions de photos suivies de débats en milieu universitaire afin d’offrir aux étudiants un cadre de réflexion et discussions et de proposition de solutions.
Cette initiative voudrait que le changement climatique soit l’affaire de tous mais surtout celle de jeunes. Ce sont l’université Cheikh Anta Diop à travers le WASCAL (West African Science Service Centre on Climate Change and Adapted Land Use) et l’université Gaston Berger à travers l’UFR (Unités de Formation et de Recherche (UFR) qui ont accueilli l’exposition respectivement les 22 et 23 mai et les 27 et 28 mai 2024.
Le panel a réuni le Professor Papa Sakho, expert en Changement climatique et migration, le Dr Ibrahima Diedhiou, expert en Economie et Gestion des Ressources Halieutiques et Cheikh Fadel Wade, coordinateur de la plateforme nationale pour une justice climatique. Le panelfut modéré par le Pr Assane Beye, Directeur du WASCAL.
A l’entame de ses propos, Pr Sakho a souligné que le climat n’est pas l’unique humain mais à la suite des aléas climatiques, elle s’est accentuée pour avoir une dimension sous régionale. La sècheresse des années 1970 a entrainé une vague d’exode rural. Aujourd’hui la migration est liée à plusieurs facteurs qui peuvent être économiques, religieux, culturels et climatiques.
Le Dr Ibrahima Diedhiou est revenu sur les impacts du changement climatique dans le secteur de la pêche. Selon lui le dérèglement climatique entraine aussi bien la migration des humains que celle des poissons. M. Diedhiou a expliqué l’impact du réchauffement des surfaces de mers qui font migrer les poissons surtout les pélagiques. Selon lui, les bateaux de pêche n’impactent pas forcément sur les prises de poissons car les bateaux étrangers sont en hautes mers et pêchent le thon et le mérou. Diedhiou n’a cependant pas manqué de pointer du doigt la responsabilité des pêcheurs dans la dégradation de l’environnement à travers l’utilisation des fils atournant ??? qui sont nocifs pour les petits poissons ainsi que les explosifs.
L’intervention de Cheikh Fadel Wade est allée dansle sens d’une demande pour une justice climatique. Les habitants sont les premières victimes d’une injustice climatique avec l’exemple de Bargny Guedj quia perdu plus de 500 mètres de côtes. Bargny a été classé comme zone très vulnérable par rapport au changement climatique. Ses habitants vivent l’agression côtière et n’ont pas de plan d’adaptation. Avec la plateforme quifait le plaidoyer pour une justice climatique, M. Wade s’occupe d’un programme qui sillonne tous les départements du Sénégal. Comme à Bargny, d’autres communautés victimes des impacts du changement climatique (Ngett Dar à Saint-Louis, Diogué en Casamance, les îles du Saloum, les Bassaris à Kédougou etc.) réclament des réparations pour les dommages causés dont ils ne sont aucunement responsables.
La deuxième journée de l’exposition de Dakar a été l’occasion d’organiser les étudiants autour d’une table ronde pour discuter de leurs impressions sur la thématique, le format choisi et ensuite proposer des pistes de solutions. L’exposition a été très appréciée et à travers les échanges, des témoignages ont été faits. L’essentiel du débat portait sur la migration qui attire les jeunes. Le Sénégal est confronté à un phénomène d’immigration clandestine à travers les pirogues mais aussi par le voyage via Nicaragua pour entrer aux Etats Unis. Alors que la moyenne payée pour la pirogue était de 500 000FCFA, le circuit Dakar/Istanbul/Bogota/Nicaragua demande entre 8 millions et 10 millions FCFA. La migration climatique est donc une réalité et doit peser sur les rencontres internationales comme la Conférence des Parties (COP).
Lors des interviews à l’université de Saint-Louis, certains étudiants pensent qu’il faut déconstruire le mythe de l’Europe à travers le slogan « On peut réussir chez soi ».Selon Fatou Diatta, habitante de Djembereng, les jeunes de son village organisent des campagnes de reboisement tous les ans pour arrêter l’avancée de la mer. Elle pense que tous les sommes d’argent qu’on injecte dans l’immigration peuvent soutenir un entreprenariat local. Un autre Etudiant ayant des parents victimes de l’avancée de la mer à Gohou Mbacc à Saint-Louis partage cet avis. Il défend que la réussite commence par chez soi. Tous les deux connaissent les réalités du changement climatique ainsi que ses implications dans la vie active des gens. L’étudiant Henry Samuel Bassene a fait un témoignage remarquable sur la pollution à Mboro par les industries extractives. La zone de Mboro était connue pour son beau climat et ses activités de maraichages. Les productions en légumes de Mboro desservaient la sous-région. Aujourd’hui Mboro est entouré de sociétés minières qui polluent l’environnement, la nappe phréatique et la santé des populations. Des initiatives comme SOS Mboro ont vu le jour pour dénoncer cette situation, envain.
L’initiative de faire une exposition sur lechangement climatique a été une réussite dans la mesure où elle a drainé non seulement un grand nombre de visiteurs mais aussi, elle a suscité des débats sur d’autres thèmes comme la migration, le modèle économique de développement et surtout de déconstruction d’un système capitaliste et individualiste. Chercher des solutions au changement climatique ne serait-il pas questionner le développement ? L’industrialisation ainsi que la création d’une société déconsommation se font souvent aux dépens des communautés. Ces questionnements seront au cœur de la deuxième partie de l’exposition qui se fera en Août 2024 à Johannesburg.