En Afrique, il ne se passe pas une journée sans que l’on ne parle du climat. Cette question n’est pas l’apanage des grandes rencontres médiatiques ou des séminaires tenus dans des hôtels luxueux. Elle est présente sur la table de la vendeuse de cacahuètes et sur le plat de midi du marchand ambulant. Elle est décelable même lors du marchandage entre l’apprenti et son client du car rapide au Sénégal.
Elle n’épargne pas les usagers de tricycle en Tanzanie et ceux qui recourent aux charrettes dans les villages les plus reculés. Le changement climatique est désormais une affaire de tous. Ses conséquences sont assez visibles dans les pays du Sud, avec tout ce que cela comporte : érosion côtière, désertification, inondations, salinisation des terres, pertes de biodiversité, etc.
Le changement climatique bouleverse des habitudes, des us et coutumes et déchire le tissu social qui a jusque-là servi d’équilibre à la société. Le continent Africain souffre d’une injustice climatique au regard de sa contribution minime à l’émission des gaz à effet de serre. Sa vulnérabilité ne cesse de grandir, mettant ses populations dans la nécessité de s’adapter à une situation difficile.
Maudit soit le changement climatique qui a brisé des familles et les a contraintes à émigrer. Maudit soit ce phénomène qui fait tarir les ressources halieutiques sur lesquelles comptait le vétéran pêcheur qui récupérait encore sa part des jeunes générations.
Maudit soit celui qui a séché les seins de la mère qui, dans l’espoir d’un jour meilleur, donne ce sein vide en fuyant son regard.
Qui peut s’en passer ? Qui est épargné ? Qui sont les responsables ? Les récentes vagues de chaleur et la sécheresse prolongée dans toute l’Europe occidentale ont entraîné des incendies de forêt et provoqué une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. L’Europe se surchauffe et connaît des températures jamais enregistrées, soit 0,4°C au-dessus de la moyenne de 1920-2020. L’Europe paie aussi pour sa part de responsabilité. Sa population vieillissante constitue une source de vulnérabilité malgré sa capacité d’adaptation.
En tout cas, les victimes on les connaît. Ce sont Maman Ndeye Yacine et Fatou Samba qui voient la mer tous les jours grignoter ce qui reste de leurs maisons familiales. La mer devient un ennemi juré pour elles, sans pitié et sans état d’âme. La migration commence même à l’intérieur de la maison. On recule pour se partager le restant des maisons. Jeunes et vieux de même sexe se partagent les chambres. Une chambre peut même être convoitée par 8 personnes. Et si quelqu’un s’aventurait à défier la mer pour aller chercher une vie meilleure, elle se transforme en cimetière, avalant dans ses profondeurs des jeunes âmes sans espoirs et désemparées.
Les victimes, ce sont les cultivateurs du Saloum, qui n’ont qu’une activité génératrice de revenu : l’agriculture. La pluie de « Dieu » est la seule source d’eau pour espérer semer et attendre pour espérer de meilleures récoltes. Et si la pluie est de mauvaise humeur, elle se raréfie ou même joue des tours aux récoltes. Ces derniers, par défaut, quittent pour les villes pour venir s’entasser dans les zones urbaines. Ils deviennent la cause de tous les maux, on les harcèle, on les maudit, on les rejette même. Ils ont laissé des hectares d’espace pour devenir des sans-abri et des incompris.
Les victimes, c’est le panier de la ménagère qui aujourd’hui se contente du peu qui reste, et le père de famille qui voit la demande familiale grimper et pour se consoler, il accuse madame d’avoir diminué la dépense pour des tontines et autres. La crise maraîchère avec les légumes rares affecte